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4 octubre 2024

Térvalis, l’entreprise de Teruel qui place l’Aragon à l’avant-garde des biofertilisants

L’entreprise a récemment cédé quatre brevets sur ses technologies de lisier au gouvernement régional, avec un bénéfice social et environnemental potentiel d’un milliard d’euros. Ses travaux de R&D suscitent l’intérêt d’institutions telles que Harvard et elle est présente dans près de 50 pays.

Le fait qu’une institution aussi prestigieuse que l’université de Harvard ait contacté une entreprise de Teruel pour savoir comment le modèle de recherche et de développement de la province a vu le jour est un élément qui, même s’il peut sembler anecdotique, met sur la bonne voie le travail réalisé par Térvalis. Ce groupe d’entreprises, fondé en 1986, est clairement engagé dans la R&D et, en fait, il y a quelques jours, quatre de ses brevets sur les technologies des biofertilisants ont été transférés au gouvernement d’Aragon, une connaissance désormais entre les mains du gouvernement régional qui a un bénéfice social et environnemental potentiel de 1 000 millions d’euros, selon les estimations de l’université de Saragosse. Ces brevets abordent également la question du lisier, l’un des problèmes les plus importants pour l’environnement aragonais en raison de l’impact de l’industrie porcine de plus en plus puissante.

“Ce que nous avons essayé de faire, c’est de mettre entre les mains du gouvernement d’Aragon des technologies qui, en plus d’avoir un avantage économique pour le secteur, ont par nature un avantage social, en termes d’environnement et de structuration, que l’entreprise en tant que telle n’a pas la capacité de valoriser”, explique le directeur exécutif du groupe, Sergio Atarés.

Ces technologies visent à remplacer les engrais minéraux par des engrais organiques grâce à des technologies qui font de ces derniers une alternative efficace tout en réduisant l’impact environnemental qu’ils provoquent. En d’autres termes, elles ont un double effet : d’une part, elles atténuent “la pollution associée à l’azote qui se dégage du lisier sous forme d’ammoniac dans l’atmosphère ou sous forme de nitrates dans les aquifères”, explique M. Atarés.

Des avantages accrus pour les agriculteurs et les éleveurs

D’autre part, “un plus grand bénéfice économique pour les éleveurs et les agriculteurs”, car les premiers bénéficient d’un plus grand bien-être animal, tandis que les seconds “auront un pouvoir de fertilisation beaucoup plus important à un prix plus bas”.

Lors de la cérémonie de signature qui a concrétisé le transfert de ces brevets, les prévisions économiques de ces technologies ont déjà été avancées, comme le conclut une étude réalisée par le département d’économie de l’université de Saragosse. Ce travail évalue le bénéfice potentiel pour le secteur entre 90 et 100 millions d’euros par an, de sorte que chaque exploitation pourrait obtenir un résultat net de plus de 20 000 euros et un bénéfice social et environnemental de 1 000 millions d’euros.

Le passage de l’engrais minéral à l’engrais organique, qui permet non seulement d’utiliser l’azote des lisiers qui pollue le sol et l’air, mais aussi d’éviter l’utilisation, surtout, de gaz naturel pour produire l’engrais minéral. “Il s’agira d’une augmentation nette et considérable de la durabilité du secteur agroalimentaire”, souligne M. Atarés.

Ce projet est développé dans une région comme l’Aragon qui, grâce à ses caractéristiques géographiques et économiques, peut être à l’avant-garde dans ce domaine. Le secteur porcin est très important”, explique le directeur de Térvalis, “nous disposons donc de cette matière, le lisier, et nous avons suffisamment de terres, de sols, et nous avons la valeur ajoutée de l’agriculture.

Ces effets, outre leur impact direct sur l’environnement, pourraient également se traduire par des incitations pour l’utilisateur final : “Si nous parvenons à cimenter cette durabilité à partir de la base, c’est-à-dire la fertilisation et le sol, nous serons en mesure d’apporter une plus grande valeur ajoutée à nos produits et des consommateurs mieux informés préféreront des produits plus durables”, explique-t-il.

L’expérience de Cinco Villas

Pour l’instant, le projet de ces brevets est passé des installations de Térvalis à Teruel à une expérience pilote à Cinco Villas. Ce test débutera dans deux mois et durera deux ans. Avec ce passage à la région de Saragosse, le projet prend de l’ampleur, car “il y a plus de lisier à travailler”, explique-t-il.

“Mais ce saut d’échelle n’est qu’un début ; nous étudions déjà d’autres régions qui ont manifesté leur intérêt pour devenir des capillaires. Nous commençons par Cinco Villas, mais nous passerons ensuite à d’autres régions”, précise-t-il.

Térvalis ne se concentre pas seulement sur les engrais organiques, mais aussi sur l’énergie. Avec le projet IAM Caecius, sélectionné comme projet important d’intérêt européen commun (IPCEI), il étudie les utilisations innovantes de l’hydrogène vert.

“Il s’agit d’une part de déminéraliser le secteur agroalimentaire et d’autre part de le décarboniser, c’est-à-dire de savoir comment obtenir de nouveaux engrais à partir de sources renouvelables”, explique M. Atarés. Concrètement, l’usine développée à Teruel dans le cadre de ce projet a pour objectif d’obtenir environ 15 000 tonnes d’ammoniac, un précurseur d’engrais, à partir d’énergies renouvelables et d’eau. “C’est la première usine prévue à cette échelle en Europe”, souligne le directeur de Térvalis.

Pour ce projet d’environ 160 millions d’euros, il explique que les études de préfaisabilité ont déjà commencé et que six régions européennes joueront le rôle de maître d’œuvre, avec l’intention d’utiliser ces technologies à l’avenir. Il estime que l’usine pourrait être pleinement opérationnelle d’ici 2028.

L’avenir et l’économie circulaire

Tous ces projets s’inscrivent dans le cadre du concept d’économie circulaire, que le gouvernement régional s’efforce de promouvoir par le biais de la stratégie circulaire d’Aragon.

Le groupe de Teruel fait partie de cette stratégie sur un sujet qu’Atarés considère comme “essentiel”. “Sans une impulsion claire de la part des administrations, l’Aragon pourrait être à la traîne dans cette nouvelle transformation des secteurs socio-économiques”, souligne-t-il. Le directeur exécutif de la société encourage ainsi l’entreprise à poursuivre dans cette voie, qui permet également à l’Aragon d’être “à l’avant-garde”.

Bien que l’internationalisation du groupe soit évidente et qu’il ait déjà des projets d’expansion dans différents pays, le groupe Térvalis a toujours été étroitement lié à son lieu d’origine, Teruel. Un territoire pour lequel M. Atarés est “très optimiste”. “Il s’agit d’une province très dynamique, où, bien que la population soit peu nombreuse, l’esprit d’entreprise est très présent”, souligne-t-il.

En outre, compte tenu des besoins actuels, il note qu’il s’agit d’un endroit “avec beaucoup de terres par habitant”, ce que la nouvelle économie des ressources renouvelables exige. “Nous avons besoin de beaucoup de mètres carrés pour l’énergie, de beaucoup de mètres carrés pour les cultures, de beaucoup de mètres carrés pour les biomatériaux, et il n’y a rien de mieux que Teruel”, ajoute-t-il.

À propos de la province, il se souvient qu’il y a quelques mois, l’université de Harvard l’a contacté “pour lui expliquer comment le modèle de R&D de Teruel a pu émerger”. “Nous avons 150 brevets dans 20 pays et cela, par habitant, pèse beaucoup”, dit-il à propos d’un territoire sur lequel il conclut : “Nous ne sommes pas des victimes, nous sommes les protagonistes de cette grande transformation”.

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