Après plus de 600 projections en compétition de 82 pays différents, le festival du film de Saraqusta s’est achevé ce vendredi par un gala à Saragosse au cours duquel les lauréats de cette troisième édition ont été annoncés. Le prix de la meilleure actrice a été décerné à Ilona Bachelier pour son rôle principal dans «L’histoire d’Annette Zelman», réalisé par Philippe Le Guay. L’actrice incarne Annette, une femme juive française qui est envoyée au camp de concentration d’Auschwitz le 22 juin 1942, pendant l’occupation allemande et la déportation des Juifs, ce qui coupe court à son histoire d’amour.
L’histoire d’Annette et Jean est une histoire vraie racontée par Laurent Joly dans «Dénoncer les Juifs sous l’Occupation», que la propre sœur d’Annette, Michèle Zelman, a eu la générosité de partager avec nous aujourd’hui. Le film reconstitue les derniers mois du couple dans «une histoire d’amour prise dans un engrenage mortel» et vise à toucher les jeunes spectateurs. C’est chose faite, puisqu’il quitte le festival avec une autre statuette sous le bras, le Prix du jury des jeunes, décerné par des étudiants de différents centres éducatifs.
Vous avez déjà vu le palmarès du festival du film de Saraqusta, comment vous sentez-vous?
Je suis très heureuse et fière du film, et aussi que le jeune public ait voté pour le film. C’est formidable, en outre, pour une histoire comme celle-ci, qui est une histoire vraie. C’est un véritable honneur.
Comment le film a-t-il été accueilli jusqu’à présent?
Très bien, surtout, les gens qui l’ont vu ont été très émus par l’histoire de ces gens et par la façon dont Philippe Le Guay, le réalisateur, la raconte. Les spectateurs ont été émus, y compris les jeunes. Il y a eu des projections pour les jeunes, qui ont été très émus et se sont posé beaucoup de questions. C’est très bien, car c’est quelque chose qui résonne avec les jeunes d’aujourd’hui.
La première scène du film présente votre personnage aux portes du camp de concentration d’Auschwitz, mais quelques mois plus tôt, votre vie était très différente. Comment votre situation évolue-t-elle?
Au début, avant de se retrouver dans le camp de concentration, Annette est une jeune femme d’une vingtaine d’années, pleine de vie. Certes, elle vit dans un pays en guerre, occupé, mais elle a la joie et la capacité d’adaptation de son âge.
ELLE VEUT VIVRE, ELLE NE VEUT PAS VIVRE DANS LA PEUR.
Au contraire, ses parents ne veulent pas qu’elle sorte, mais elle veut juste vivre. De manière innocente, Annette veut vivre le moment présent sans penser à l’avenir. En effet, malgré toutes les vicissitudes, la dénonciation fait s’écrouler son monde, son amour est immobilisé et elle doit laisser sa famille derrière elle. Mais il gardera tout l’avenir qu’il avait imaginé et la joie qu’il avait eue. Malgré cette volonté de vivre, elle sera retenue.
Quels ont été les plus grands défis dans l’interprétation de ce personnage ?
Très concrètement, il y a eu la question de la langue, parce qu’à l’époque, on ne parlait pas de la même manière qu’aujourd’hui.
Et puis, ce qui a été un peu une pression pour moi, c’est d’être dans la peau de cette femme réelle, qui a vécu cette histoire. En fait, sa sœur est toujours en vie et j’ai eu la chance de la rencontrer avant le tournage, ainsi que l’actrice qui l’incarne dans la fiction. Mais d’un autre côté, nous voulions aussi nourrir l’histoire, la raconter comme elle doit l’être, tout en sachant que je ne serai jamais Annette, parce que je ne suis pas Annette. En fin de compte, avec un réalisateur qui est très gentil dans son travail et avec toute l’équipe, nous avons mis toutes nos compétences au service de l’histoire.
Personnellement, qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans cette histoire ?
Deux choses. Le courage d’Annette et de Jean m’a marqué. Ce qui m’a le plus impressionné, c’est leur force, parce qu’ils ont 20 ans. J’ai 25 ans, et j’admire le fait qu’ils aient eu, à 5 ans de moins, la force de se battre, de garder espoir et de faire ce qu’ils croyaient juste, en dépit de ce que dit la société. Et j’admire la capacité d’Anette à garder cette volonté de vivre, malgré tout ce qui lui arrive. La façon dont la famille Zelman a affronté la vie en général, le fait que même dans un contexte de guerre, ils ont chanté et dansé ; Michelle nous a dit qu’ils étaient très heureux et pleins d’amour, et ça, c’est une force. Cela m’a marquée et c’est quelque chose que j’aimerais reproduire dans ma vie.
Pouvons-nous tirer des leçons de l’histoire d’Annette Zelman?
Je pense que oui. Parce qu’il s’agit de deux très jeunes personnes qui se sont comportées de manière héroïque en se battant pour ce qu’elles pensent. Et tout cela en tenant compte du fait qu’il y a une histoire de dénonciation, dans laquelle le père de Jean est un lanceur d’alerte. Malheureusement, ces situations sont encore présentes aujourd’hui, en France et dans d’autres pays.
CE FILM DEVRAIT PEUT-ÊTRE NOUS RAPPELER QUE L’AMOUR EST LA CHOSE LA PLUS IMPORTANTE, PEU IMPORTE D’OÙ IL VIENT ET SANS AVOIR À ÊTRE ÉTIQUETÉ PAR LA SOCIÉTÉ.
Enfin, c’était la première fois que vous veniez à Saragosse, et quelles impressions retirez-vous du festival Saraqusta?
Oui, c’était la première fois que je venais à Saragosse, mais pas en Espagne. Malheureusement, je n’ai pas pu rester très longtemps, j’aurais vraiment aimé rester un peu plus longtemps. J’ai tout de même pu me promener dans la ville et dans la vieille ville, que j’ai trouvées très agréables. J’ai surtout aimé pouvoir prendre un verre à l’extérieur, devant la Basilique del Pilar, qui est très belle de l’extérieur. J’ai aussi beaucoup aimé le mélange des cultures.
Quant au festival, nous avons été très bien accueillis par son directeur, José Ángel Delgado, et Patricia Naya. Ils nous ont très bien reçus et, bien que nous ne parlions pas la même langue, nous nous sommes très bien compris. C’était un plaisir d’être ensemble.