Operon, l’entreprise biotechnologique aragonaise qui se distingue par son engagement dans la R&D et, surtout, par son orientation vers le marché extérieur, existe depuis près de 50 ans et est présente dans plus de 200 pays, soit sous sa propre marque, soit avec d’autres qui achètent ses produits. Un demi-siècle d’existence au cours duquel cette entreprise familiale se tourne vers l’avenir avec une nouvelle usine qu’elle espère inaugurer l’année prochaine et qui multipliera pratiquement par cinq ses installations actuelles de PLAZA à Cuarte de Huerva (Saragosse), avec un bond qui signifiera également une augmentation de 20 % de ses effectifs.
Telles sont quelques-unes des références d’une entreprise spécialisée dans le développement de tests de diagnostic moléculaire “in vitro” qui a vu le jour en 1973 avec Fernando Toribio, père de l’actuel directeur général, Tomás Toribio. Ce dernier chiffre sa position internationale avec une présence dans plus de 50 pays en tant que marque propre, un nombre qui passe à plus de 200 si l’on ajoute les territoires auxquels ses produits parviennent sous le sceau de ses clients.
L’entreprise, qui a réalisé en 2021 un chiffre d’affaires de près de 9 millions d’euros, a été pionnière dans son domaine. Preuve en est l’importance de la R&D pour Operon, où environ 25 % de son effectif actuel de plus de 80 employés – dont 85 % de femmes – se consacrent à ce domaine. De plus, en 1986, elle a été la première entreprise à se lancer dans la recherche et la production d’anticorps monoclonaux et, dans les années 1990, elle a été pionnière dans le développement, la fabrication et la vente de tests d’immunochromatographie.
Elle a également été l’une des premières entreprises espagnoles à développer, fabriquer et vendre des tests basés sur des techniques de diagnostic moléculaire au début de 2004. Son premier produit dans cette gamme était le ThromboStrip, basé sur le génotypage de mutations associées au risque de thrombose veineuse.
La chaîne de valeur globale
“Chez Operon, nous allons de l’idée au produit sur le marché”, explique M. Toribio à propos de la chaîne de valeur qu’ils gèrent ; “nous couvrons tout”, ajoute-t-il. En fait, leur activité comprend même le contrôle des matières premières, telles que les anticorps pour différentes maladies, nécessaires à la création de tests de diagnostic, qu’ils parviennent à obtenir de leur propre animalerie. “C’est ce qui nous différencie de la concurrence, nous aimons contrôler les matières premières”, dit-il.
Le processus est expliqué par le directeur général : “Si vous êtes infecté, vous générez des anticorps pour combattre le virus. La séquence consiste à injecter le virus à la souris, puis à extraire la cellule qui produit l’anticorps, à l’introduire dans un bioréacteur et à la faire fonctionner “in vitro” pour ne pas avoir à utiliser d’animaux”, explique-t-il.
Son usine de Saragosse produit également des tests rapides, l’un de ses domaines d’activité, dans lequel il est spécialisé dans les tests gastro-intestinaux et respiratoires. “Nous en faisons depuis 32 ans, nous avons commencé par le test de grossesse et nous avons une palette très variée de 50-60”, explique le directeur général, qui précise que, bien évidemment, ils en ont aussi pour le SRAS-CoV-2, le virus qui provoque le covid-19. En ce qui concerne la période de pandémie, le chef de l’entreprise se souvient qu’il s’agissait d’une “période stressante”, la production étant assurée de 6 heures à 22 heures.
Parmi ces tests rapides, Operon a également à son catalogue des produits spécifiques pour les industries alimentaires et vétérinaires, ou avec, par exemple, des marqueurs tumoraux.
Son portefeuille comprend également des lecteurs de tests, des appareils qui, entre autres, permettent de sauvegarder les données, de les exporter vers le cloud et de les exploiter en temps réel. L’entreprise propose également plusieurs produits liés à la maladie cœliaque et aux affections liées au lactose.
Un autre de ses domaines d’action, “très important”, comme le souligne M. Toribio, est celui des tests moléculaires et PCR, qui comprend une plateforme qu’ils ont eux-mêmes développée il y a dix ans et qui leur permet d’avoir jusqu’à 24 marqueurs en même temps.
Dans ce domaine, leur meilleur produit est celui développé pour le papillomavirus humain, un agent pathogène qui compte près de 100 variantes, dont huit variantes à haut risque et huit autres variantes à faible risque représentent 95 % des cas. “C’est le produit que nous vendons le plus”, ajoute-t-il.
Un voyage international
Les origines de cette entreprise remontent à 1973, lorsque son père, Fernando, l’a créée. Originaire des montagnes d’Albarracín, le fondateur a étudié la chimie et a ensuite obtenu une bourse pour étudier en Allemagne en vue d’un doctorat. Il y a rencontré la femme qui allait devenir son épouse et la mère de l’actuel directeur.
À son retour en Espagne, après avoir passé deux ans aux États-Unis pour compléter un post-doctorat, le fondateur a été embauché par l’entreprise de fabrication de lait Anfimón dans la capitale aragonaise, où il a suivi un recyclage technique et appris les réactions immunologiques.
Ces nouvelles connaissances ont été à l’origine de la création d’Operon, qui, quelques années seulement après le début de son aventure, s’est tournée vers le marché international. Elle fêtera son demi-siècle d’existence l’année prochaine, un anniversaire qu’elle espère célébrer dans ses nouveaux locaux de la PLAZA. Là, dans la plate-forme industrielle de Saragosse, ils prévoient de passer des 4 000 mètres carrés actuels aux presque 18 000 mètres carrés qui constituent la nouvelle surface.
Le projet prévoit plusieurs phases, dont une première qui prévoit la construction de 9 000 mètres carrés répartis dans deux bâtiments, ce qui doublera la capacité d’espace des installations actuelles.
Le premier de ces bâtiments comprendra un garage, des salles de production, des cantines et vestiaires, des bureaux et salles de réunion et des laboratoires répartis sur plusieurs étages. Le second bâtiment, attenant, sera utilisé pour les zones de production et de stockage.
“Les possibilités de PLAZA sont énormes, il s’agit pratiquement d’une multiplication par cinq tant au niveau du terrain que des constructions possibles”, souligne M. Toribio à propos de la construction de nouvelles installations qu’il “attend avec impatience”.
Mais l’entreprise ne va pas seulement croître en taille, mais aussi en personnel. De cette façon, et avec cette expansion, Operon envisage une augmentation de 20% du nombre de travailleurs. Une expansion qui augmentera la taille d’une entreprise de premier plan, tournée vers l’extérieur, mais ancrée dans le territoire.