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4 octubre 2024

La diversité et la tradition brillent lors de la semaine de Pâques à Teruel

C’est dans la province de Teruel que se trouve le joyau de la semaine de Pâques aragonaise : la Route du tambour et de la grosse caisse. Les autres villes et villages ne sont pas en reste, chacun avec ses particularités.

Les tambours et les grosses caisses des fidèles qui répètent accompagnent déjà notre musique quotidienne. On voit déjà des gens aller chercher leurs costumes de costaleros et leurs capirotes chez le teinturier. Il y a même des images de croyants préparant les pasos. Il est clair que la Semaine sainte approche. Dans toute l’Espagne, cette commémoration est vécue avec beaucoup d’élan et la province de Teruel n’est pas en reste.

Dans chaque village, aussi petit soit-il, on commémore la Passion du Christ. Toutes les paroisses sortent leurs images en cette période spéciale entre le dimanche des Rameaux et le dimanche de Pâques. Dans un pays de plus en plus vide, cette tradition est maintenue, car elle va au-delà de la foi chrétienne. Elle est devenue une célébration culturelle, en plus d’être religieuse, et le sentiment d’appartenance à une fraternité se transmet de parents à enfants.

Il y a une région qui joue un rôle prépondérant dans la semaine de Pâques à Teruel, c’est le Bas-Aragon historique. C’est là que se déroule la Ruta del Tambor y Bombo (Route du tambour et de la basse), déclarée festival d’intérêt touristique national et, depuis juin 2014, d’intérêt touristique international. Elle réunit neuf municipalités des régions du Bas-Aragon, d’Andorre-Sierra de Arcos et du Bas-Martin : Albalate del Arzobispo, Alcañiz, Alcorisa, Andorra, Calanda, Híjar, La Puebla de Híjar, Samper de Calanda et Urrea de Gaén. L’acte caractéristique commun est la Rompida de la Hora (rupture de l’heure).

Lorsque l’on évoque cette fête dans la province de Teruel, le premier lieu qui vient à l’esprit est Calanda. Sa Rompida de la Hora se distingue des autres parce qu’elle est célébrée le vendredi saint à midi, au lieu du jeudi soir. Une personnalité célèbre ouvre le bal en battant le “bombo grande” devant la maison du cinéaste Luis Buñuel. Ils sont suivis par des centaines de joueurs de tambour qui envahissent la Plaza España. Cependant, cet article inclut cinq autres municipalités qui partagent cette passion :

Teruel

Foto: Turol Jones

La capitale de la province n’est pas en reste, avec la Semaine sainte déclarée d’intérêt touristique national. Les 3 000 confrères des neuf confréries de la ville participent à quinze processions, rythmées par la solennité des tambours, des grosses caisses et des clairons. La confrérie de l’Entrée de Jésus à Jérusalem débute le dimanche des Rameaux et se termine le dimanche de Pâques avec la procession du Christ ressuscité, à laquelle participent toutes les confréries.

L’événement le plus marquant est la procession générale du vendredi saint après-midi, qui réunit également toutes les confréries. Elle traverse le centre historique de Teruel au rythme des tambours. Une multitude de personnes passent entre les tours mudéjares et les rues pavées. Cette année, le vendredi des Douleurs, avant le dimanche des Rameaux, un défilé religieux exceptionnel aura lieu, car la confrérie de Notre-Dame de la Solitude célébrera le 25e anniversaire de son retour à l’acte de la rencontre de Jésus le Nazaréen avec sa mère. Elle le fera avec une procession inédite.

La Semana Santa Turolense réserve un moment informel pour se retrouver en famille et entre amis : le Sermón de las Tortillas (sermon des tortillas). Le mardi suivant le dimanche de Pâques, les habitants de Teruel se rendent en masse dans les sites naturels de la ville. Le menu est clair : paella ou viande grillée pour le déjeuner, beignets avec œuf dur pour le dessert et omelettes de pommes de terre pour le goûter. Depuis peu, des festivités taurines viennent s’ajouter à cette fête locale. La confrérie de Nuestra Señora de la Villa Vieja en a toujours été le moteur, puisqu’elle distribuait du vin et des beignets dans sa chapelle au XVIIIe siècle, le premier jour du mois de mai.

Alcorisa

Foto: Etan J. Tal

Ce village, qui fait partie de l’itinéraire Tambor y el Bombo, célèbre sa Semaine sainte depuis le milieu du XVIe siècle. En 1550 est née la Cofradía de la Sangre de Cristo (Confrérie du Sang du Christ), qui existe encore aujourd’hui, tout comme la garde romaine. La garde romaine pénètre férocement dans l’église chaque jeudi saint pendant le lavement des pieds. Les crécelles annoncent leur arrivée et les Romains restent à garder l’église. La rupture de l’heure marque la fin de la journée.

Avec l’écho des tambours et des grosses caisses, les habitants d’Alcoris se réveillent pour affronter le jour le plus important. Le matin, la procession de la proclamation a lieu, conduite par Longinos et son “criadico”, un enfant qui le guide parce qu’il a été aveuglé lorsqu’il a transpercé le côté du Christ avec sa lance. L’après-midi, sur le mont Calvaire, se déroule le drame de la croix. Des milliers de visiteurs assistent, médusés, à l’incarnation par plus de trois cents personnes des derniers jours de la vie du Christ.

L’image de Jésus crucifié sur sa propre croix reste dans la mémoire de chacun, car il s’agit d’une personne réelle. On voit en chair et en os ce que l’on a l’habitude de voir en sculpture. Ensuite, dans une marche solennelle et sincère, toutes les confréries accompagnent le corps du Christ lors de la procession de la Sainte Inhumation. La garde romaine, les Longinos et son “criadico” gardent le lit sacré où repose le fils de Dieu.

Híjar

Avec Alcañiz, Andorra et Calanda, Híjar a fondé la Ruta del Tambor (Route du tambour). Ce fait illustre l’importance de la semaine de Pâques dans ce village de 1 700 habitants. Chaque année, pendant quatre jours, les tambours se succèdent sans discontinuer. Le jeudi saint, les habitants de Hijar se rassemblent sur la Plaza de la Villa pour sonner l’heure. À minuit, le maire donne le signal du début du battement des tambours et des grosses caisses.

Deux heures plus tard, la procession des Despertadores a lieu. Cet acte traditionnel parcourt les rues de la ville à une heure inhabituelle. Deux groupes qui participent à la plupart des processions, les Alabarderos et les Rosarieros, ajoutent de la couleur et de l’animation. Les Alabarderos portent des armures romaines et ont leur propre orchestre de tambours et de clairons. Les Rosarieros accompagnent les chars en chantant des chansons qui font vibrer les personnes présentes.

Le dimanche des Rameaux est certainement un jour spécial, car c’est là que se tient Tamborixar, la foire aux tambours et aux percussions. Elle dure tout le week-end et permet de profiter de nombreux événements et d’une multitude d’étals. Le dimanche, le joyau de la couronne est célébré : le concours national de tambours et de grosses caisses de la Villa de Híjar. Le matin même, les jeunes occupent le devant de la scène en descendant le piédestal de Jésus du calvaire jusqu’à l’église.

Urrea de Gaén

Foto: Patricia Serrano

Si vous cherchez une semaine de Pâques plus proche de chez vous, c’est à Urrea de Gaén qu’il faut vous adresser. Cette commune de 440 habitants est la plus petite de celles qui composent la Ruta del Tambor (Route du tambour). Les Urréens rentrent chez eux pour cette fête. L’authenticité est évidente dans chaque détail de la célébration : instruments transmis de père en fils ou tuniques anciennes mais bien entretenues. Les rues étroites et sinueuses laissent une impression particulière.

Malgré cela, les processions sont nombreuses. Comme dans les villages voisins, le jeudi, les tambourinaires, avec leurs mouchoirs blancs caractéristiques, sonnent l’heure. Le Vendredi saint, les rosarieros (chantres) agrémentent de leurs chants la procession de la prière dans le jardin des Oliviers et les images sont descendues du mont Calvaire dans une belle scène avec la montagne en toile de fond. Le samedi, les images sont ramenées à leur place pour se retrouver dans un an avec la même passion.

Calamocha

Foto: Wikipedia

Logiquement, si l’on parle de la semaine de Pâques dans la province de Teruel, on ne peut ignorer la Ruta del Tambor (Route du tambour). Cependant, il ne faut pas oublier que les autres municipalités sont également très actives dans cette fête. Calamocha, capitale de la région de Jiloca, la célèbre depuis le XVIIIe siècle, bien que le programme actuel ait été modifié dans les années 1980. Il existe neuf confréries, qui attirent de nouveaux membres grâce à la tradition familiale.

Les principales processions commencent le mercredi soir, lorsque les confréries de l’Ecce Homo et de Nuestra Señora de la Soledad portent Jésus captif. La Via Crucis du jeudi saint rassemble toutes les confréries autour du Nazaréen. Elle commence sur la place d’Espagne, dans l’église, où se mêlent images, musique et nouvelles technologies. Le lendemain, dans l’intimité de la nuit, les neuf confréries sortent à nouveau avec chacun de leurs chars escortés par la Confrérie des Romains.

Dans ce cortège, on joue de la carracas. Il s’agit d’un instrument traditionnel typique de la région qui n’est utilisé dans aucune autre ville de Teruel pendant la semaine de Pâques. Il est constitué d’une roue dentée en bois. Lorsque l’on tourne la poignée, les dents sont frappées, ce qui produit un son très caractéristique. Autre anomalie, cette procession est rejointe par la confrérie des Pénitents de Poyo del Cid, une localité appartenant à Calamocha. Ce jumelage de confréries constitue un très joli tableau.

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